Opération Licancabur : solo à 5920 m

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Récit d’une « traversée du désert », en solo et à la seule force du mollet, depuis les 2450 mètres de San Pedro de Atacama, jusqu’au sommet du Licancabur, à 5920 mètres d’altitude.

Le 16 Décembre, Laetitia m’abandonnait pour du fromage et des toasts au saumon, ce qui me laissait toute latitude pour aller me faire chauffer les cuisses sur les sommets escarpés de la cordillère des Andes.

Un bus de nuit m’emmena de Iquique à San Pedro de Atacama. A côté de moi, une anglaise, blonde, de 19 ans découvrait le monde en solitaire pendant que ses parents devait se faire un sang d’encre en duo. Après avoir supporté un épisode d’Harry Potter a la télévision, passé un contrôle des douanes, discuté âprement le prix du supplément de bagages, et « déplié » mon vélo que j’avais du ranger façon couteau suisse pour le rentrer dans les soutes, j’arrivai finalement à San Pedro de Atacama le 17 au matin. La journée fut dédiée à la recherche (infructueuse) d’équipement de montagne pour une prochaine ascension dont j’aurais l’occasion de vous entretenir.

De San Pedro de Atacama vers la Bolivie

Le lendemain, j’entamai vers une heure de l’après-midi la monté relativement lente et violente vers le col « Hito Cajon« , qui en 47 km me faisait déniveler plus de 2000 mètres. Dans les sacoches de mon vélo, j’emmenai 6 jours de nourriture et plus de 9 litres d’eau qui tiraient méchamment sur les cuisses alors que je m’acheminais vers le col à plus de 4500 mètres d’altitude. J’avalais lentement du bitume, lorsqu’un camion qui descendait ralentit et s’approcha étrangement de moi. De la fenêtre sortit un bras, dans sa main une bouteille d’eau. Je saisis au vol le ravitaillement, façon Tour de France et hurlai un remerciement au camion qui s’éloignait déjà.

Le soir du 19 Décembre j’arrivai finalement au refuge de la Laguna Verde après avoir franchi sans encombres la frontière Bolivienne. Je constatai avec plaisir et agacement que le refuge avait l’eau courante, ce qui m’assurait un ravitaillement tout aussi facile qu’inutile puisqu’il me restait 7 litres dans les sacoches. Le lendemain, j’envisageais une journée de repos pour m’acclimater, mais je fis finalement une randonnée aller retour jusqu’au camp de base du Licancabur afin de reconnaître l’itinéraire.

Vers le camp de base - Licancabur

Vers le camp de base – Licancabur

La journée du 21 Décembre fut consacrée au bricolage, à la sieste, à la lecture… et a la sieste. A la fin de cette journée pleine de rebondissements, je me sentais bien acclimaté et en forme pour tenter dès le lendemain la lente procession vers le sommet.

Les dîners au refuge furent l’occasion de rencontres aussi diverses qu’intéressantes. Dans le désordre: deux indiens ayant étudié aux Etats-Unis et vivant désormais en Suisse où ils travaillent respectivement pour Google et l’ONU, un graphiste français travaillant pour l’Oréal, une ingénieure Péruvienne travaillant pour Airbus, un guide Bolivien ayant vécu en France où il exerçait le métier de traducteur, un ex-publicitaire espagnol voyageant en Amérique du Sud, ainsi qu’un ingénieur Bolivien travaillant en Belgique pour Toyota…

Ruines Incas (4700m) - Licancabur

Ruines Incas (4700m) – Licancabur

Le 22 Décembre je partis à pied chargé de mon matériel de bivouac en direction du Licancabur. Je passai la nuit à l’abris des ruines incas alors que le vent soufflait avec rage (rien de comparable cependant avec la tempête Dirk qui semble faire rage en France en ce moment). Le matin suivant, je levai le camp à 4h30 et entamai l’ascension. Mes chaussures en bout de course me faisaient souffrir, ce qui me procurait un sujet de distraction alors que je progressais dans la semi obscurité de cette nuit de milieu de cycle lunaire.

A 9h00 tapantes, j’arrivai au sommet étonnamment frais. Je fis une pause d’une heure pour profiter de la vue et descendis au pas de course jusqu’à ma tente restée en place en cas de coup de barre. Ce qui me restait de provisions servit à un déjeuner qui ne restera pas dans les annales (250 grammes de confiture mélangé à de l’eau et du gruau). Je repris mon paquetage et filai d’un bon pas vers le refuge que j’atteignis 2h30 plus tard.

Dans les nuages - Sommet du Licancabur

Dans les nuages – Sommet du Licancabur

Le 24 Décembre au matin, j’entamai la formidable descente vers San Pedro de Atacama tout au long de laquelle je fus en infraction avec les panneaux demandant de ne pas dépasser les 60 km/h.

L’opération Licancabur fut une réussite. Ce n’était cependant qu’un échauffement …

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